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The Pan African Music Magazine
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Rap : 10 titres et un tour d’Afrique (2e trimestre 2021)
Y3 Y3 DOM

Rap : 10 titres et un tour d’Afrique (2e trimestre 2021)

Du Ghana au Kenya en passant par l’Égypte, le Togo ou la Guinée, PAM vous propose une sélection de dix morceaux qui ont secoué la planète rap africaine au cours du second trimestre 2021.

 

Une sélection à retrouver dans notre playlist Pan African Rap !

Ghana : Jay Bahd (feat. Skyface SDW, Reggie, Kwaku DMC, City Boy, Kawabanga & O’Kenneth)« Y3 Y3 DOM »

11 juin 2021

Depuis le succès international de Yaw Tog avec son titre « Sore », on peut l’affirmer sans trop se mouiller : les rois de la drill africaine, ce sont les rappeurs ashantis de la ville de Kumasi au Ghana. Leur style particulier se nomme l’asakaa et ils rappent en utilisant un parler codé (saka) dérivé du twi. À seulement 21 ans, Jay Bahd est l’une des figures de cette scène en plein bouillonnement. Son dernier single « Y3 Y3 DOM », sur lequel il a invité la plupart des artistes de Life Living Records, le label emblématique de l’asakaa, a été conçu comme un véritable hymne de guerre. Le refrain chanté en chœur, une des particularités du style de Kumasi, signifie « Nous sommes nombreux » en langue littéraire akan. Jay Bahd et ses partenaires le rappent haut et fort : les drillers de Kumerica (surnom de Kumasi) arrivent en bande organisée et sont là pour rester. L’idée du clip était d’explorer les racines historiques et culturelles du royaume ashanti, notamment son passé guerrier et sa résistance face à la colonisation britannique. Un positionnement intéressant et loin d’être anodin quand on sait l’importance de l’Angleterre dans l’évolution et la propagation de la drill. Une manière de se réapproprier cette musique. Le clip a été tourné dans le village de Kunsu et met en scène un prêtre féticheur qui prépare physiquement et spirituellement pour le champ de bataille les rappeurs armés d’épées et de lances. Le titre de l’album de Jay Bahd sorti le 21 juin, Return of Okomfo Anokye, rend justement hommage au célèbre prêtre féticheur connu pour son grand pouvoir et tenu pour responsable de l’expansion du royaume ashanti au XVIIè siècle. Dans la vidéo, les artistes portent des tenues traditionnelles sur lesquelles sont cousus des adinkras (symboles akan) et de petits objets sculptés qui symbolisent l’histoire du peuple ashanti, son mode de vie, sa philosophie et son esprit guerrier. Probablement le clip le plus ambitieux de la drill ghanéenne à ce jour. 

Côte d’Ivoire : Black K – « On connait ça »

30 avril 2021

On vient de le constater, on peut être à la pointe de ce qui se fait dans le hip hop tout en faisant le choix de se connecter aux racines de sa famille et de sa culture. C’est aussi le parti pris par Black K, l’un des membres du groupe phare du rap ivoire Kiff No Beat. Sa dernière chanson « On connaît ça », remplie de punchlines et de traits d’humour, vient rappeler qu’il est dans le game depuis longtemps, le tout sur une instru drill composée par Tamsir, le beatmaker le plus doué du pays. « J’étais avec Tamsir un soir au studio et on a décidé d’envoyer du sale.  J’ai demandé un son drill un peu sombre et il m’a servi ça. Avec Tamsir, c’est comme au restaurant, tu demandes un plat et il te l’envoie directement avec des accompagnements. J’ai posé le son en même pas 30 min », se rappelle pour nous le rappeur. Dans la première séquence de la vidéo, on peut voir son père Boni Gnahoré, monument de la musique ivoirienne, dans un fauteuil roulant et vêtu d’une camisole pour jouer le double maléfique de son fils. Ensuite, on atterrit dans un quartier populaire de Marcory à Abidjan. Black K reste en famille et rappe au milieu de sa team, notamment aux côtés de son petit frère Lil Black, futur grand du rap ivoirien. Mais c’est probablement la dernière séquence qui est la plus saisissante visuellement : deux masques zaouli dansent au rythme de la drill devant une voiture de luxe. « J’essaie toujours d’apporter quelque chose de nouveau, quelque chose qui est africain. On ne va pas faire comme les Européens ou les Américains, ils ont déjà tout vu. Ce clip, c’est un rappel à la jeunesse pour lui dire de ne pas oublier d’où elle vient ».

Togo : Lauraa – « Egbavado (Freestyle) »

14 mai 2021

Du côté de Lomé, la rappeuse Lauraa, signée sur le label Kabash, est en train de s’imposer comme la reine du rap togolais. Âgée de 24 ans et originaire du quartier d’Akodessewa, elle a d’abord fait ses armes en tant que chorégraphe et danseuse du duo Toofan. Depuis 2020, elle enchaîne les singles à succès (« Olévon », « Tha Vicious and Friendz », « Habamé Nami »). Elle rappe en langue éwé, et sa voix grave et son flow agressif ne sont pas sans rappeler les chanteuses jamaïcaines de dancehall comme Spice, l’une de ses inspirations. Sa dernière chanson « Egbavado » est un morceau de drill produit par le beatmaker togolais  l’drums. Le titre répété dans le refrain signifie « Elle est encore là » en langue éwé. « Pour la petite histoire, j’étais au studio avec mon beatmaker. Il a joué un beat drill et ça m’a inspirée. À chaque fois que je me présente quelque part, tout le monde sait que ça va être le feu. Les gens se disent entre eux que je suis encore là. J’ai voulu leur confirmer que je reste la seule qui les fera rêver », nous a-t-elle confié avec le sourire. Pour le clip, Lauraa a misé sur le stylisme et la chorégraphie. Simple mais terriblement efficace comme à chaque fois. 

Kenya : Buruklyn Boyz – « Piga Lean »

4 juin 2021

S’il y a bien un crew capable de disputer l’hégémonie des rappeurs ghanéens de Kumasi sur la drill africaine, c’est le groupe kenyan des Buruklyn Boyz. Les quatre membres (Ajay, Mr Right, Mr Brown et Uncle Tom) ont grandi ensemble à Buruburu-Phase 1, un lotissement datant des années 1970 et très connu de Nairobi où vivent principalement des familles de la classe moyenne. Depuis septembre 2020, les Buruklyn Boyz figurent parmi les groupes les plus en vue du pays, leur popularité surpassant même celle des artistes de gengetone (la musique urbaine kényane en vogue ces dernières années). Des expressions tirées de leur chanson « Bille Jean », sortie en septembre 2020, ont été reprises par toute la jeunesse de Nairobi qui apprécie leur façon de manier le sheng (l’argot crypté et dérivé du swahili). Il faut aussi noter que le groupe se distingue en choisissant de rapper sur des productions assez originales, intégrant notamment des guitares et se différenciant du style de Pop Smoke, le rappeur américain responsable de l’explosion de la drill. L’écoute de leurs singles « Nairobi », « Wild », « Woosh Woosh » est indispensable pour tous les amateurs du genre. D’autre part, les Buruklyn Boyz se sont imposés en développant dans leur clips une esthétique visuelle très marquée qui rappelle celle des Crips (célèbre gang de Los Angeles). Le clip de « Piga Lean », la dernière chanson de Mr Right, ne fait pas exception et on y retrouve les fameux bandanas bleus du gang américain. Le titre du morceau désigne une façon de danser la drill, et le refrain donne justement des indications aux danseurs. Mr Right y affirme aussi la suprématie de son groupe sur la scène drill. À quand la connexion entre Kumasi-Nairobi ? 

Soudan : TooDope – « Lissa »

8 avril 2021

On referme cette exploration de la drill africaine avec un dernier artiste venu du Soudan. Ce pays regorge de rappeurs de talents comme Soulja. De son côté, le rappeur TooDope, 29 ans et basé à Khartoum, s’est fait remarquer en février 2020 grâce à « Asly », un morceau de drill devenu viral sur internet. Le clip compte aujourd’hui pas moins d’1,5 millions de vues sur Youtube. Après avoir quitté son pays pour l’Arabie Saoudite et le Qatar pour ses études, Tayeb Hajo (son nom à l’état civil) a choisi de revenir aux sources en 2016. Il crée alors le label Young Justus avec son compatriote MaMan pour promouvoir les rappeurs et beatmakers locaux. Avec le même MaMan, il publie en 2017 la chanson « Alright » grâce à laquelle il obtient une renommée internationale et le soutien d’artistes d’origine soudanaise comme le Britannique Sinkane et l’Américain Bas du label Dreamville. Avec son nouveau single drill « Lissa », TooDope entend confirmer son succès. Son flow qui mêle l’arabe et l’anglais, les deux langues officielles du Soudan, est toujours aussi tranchant et il faut noter la qualité de la prod composée par le beatmaker MoSauce. 

Guinée : Straiker – « Poullosophe »

23 mai 2021

Il ne faut pas forcément faire de la drill pour être dans le futur. Pour s’en convaincre, on part du côté de Conakry en Guinée à la rencontre de Straiker, l’un des rappeurs les plus importants du pays. Originaire de la ville de Pita (dans la région du Fouta Djallon), cet artiste de 22 ans a grandi dans le quartier de Dabompa dans la commune de Matoto à Conakry. À la base il voulait devenir écrivain, mais finalement il a choisi le rap pour exprimer ses idées. Le titre de son dernier morceau « Poullosophe » est un concept qu’il a créé et qui signifie « philosophe peul ». Dans cette chanson rappée en pulaar, en soussou et en français, Straiker parle de ses ambitions, de ses particularités par rapport aux autres rappeurs, de sa vision du game guinéen, mais aussi de la sagesse de la communauté peule et de l’importance de la culture. Pour clôturer le morceau, le jeune artiste a invité le rappeur et beatmaker sénégalais Iso X qui est venu poser un couplet en wolof. L’instrumentale du morceau, sur laquelle on entend des tambours et des sanzas, est très originale et a été composée par Azizfizzle, un beatmaker sénégalais. Straiker explique ainsi son choix : « Je l’ai choisie surtout parce qu’elle est africaine, et qu’elle est authentique. Si les Américains écoutent du rap guinéen, il ne faut pas qu’ils pensent que c’est la même chose que ce qu’ils font déjà ». Idem pour le clip réalisé par Emilex.  À travers celui-ci, le rappeur guinéen a voulu valoriser la culture peule. Straiker et les figurants sont vêtus de lépi, le pagne indigo emblématique des Peuls. Le mode de vie peul intimement lié à l’élevage est représenté grâce aux troupeaux. La culture soussou est elle aussi présente grâce aux figurants appartenant à cette ethnie et aux pagnes que les vieux portent vers la fin de la vidéo. 

Tunisie : Dvrkboy – « Revolution in my mind »

9 avril 2021

Comme en Guinée, le rap est très populaire en Tunisie avec des artistes majeurs comme A.L.A et Balti. De son côté, Dvrkboy est un nouveau talent âgé de 19 ans que l’on a récemment découvert grâce à son titre de trap « Revolution in my mind ». Il est originaire de Mornaguia, une ville à l’est de Tunis dans le gouvernorat de la Manouba et connue pour abriter la plus grande prison du pays, ce qui a affecté négativement la réputation des gens de la région. Le jeune artiste s’est lancé dans la musique il y a un an et demi : « J’ai grandi dans ma ville entre le mal et le bien, comme tout le monde. Je n’étais pas très doué pour étudier. J’ai abandonné tôt et pris d’autres chemins dans la vie. J’ai rencontré beaucoup de difficultés mais finalement, j’ai découvert que j’étais capable d’écrire et de très bien m’exprimer, alors j’ai décidé d’entrer dans le monde du rap », nous a-t-il confié. Un choix validé par ses proches et sa mère, mais surtout par le public qui a pu le découvrir massivement en train de découper un beat de drill dans le cypher « Tunisian Rap Street Episode 1 » organisé par le youtubeur tunisien MC Ch3ar. Pour le clip de « Revolution on my mind », Dvrkboy s’est associé à son ami réalisateur Ajejhoussem et a choisi de le tourner dans la belle ville côtière de la Kélibia. Avec peu de moyens, les deux artistes ont réussi à produire un clip magnifique. Dvrkboy fait définitivement partie des jeunes rappeurs tunisiens à suivre.

République démocratique du Congo : MPR – « ECM »

15 mai 2021

On reste dans le planant mais toujours avec des textes lourds de sens grâce au morceau « ECM » du duo kinois MPR. On en a déjà parlé dans nos colonnes, ce groupe constitué de Yuma Dash et Zozo Machine et originaire du quartier populaire de Matete porte fièrement les couleurs du rap congolais actuel. À travers le nom de leur groupe qui signifie « Musique populaire pour la révolution », ces deux artistes revendiquent l’héritage culturel du Zaïre de Mobutu. Dans ses textes, MPR alterne entre critique de la société congolaise (« Dollars », « Lobela Ye Français ») et récit de la vie de la rue ( « Tika Biso Tovanda »). « ECM est une chanson représentative de notre réalité et de la manière dont nous appréhendons la vie. ECM veut dire Éducation Civique et Morale. C’est une façon de dire qu’il y a aussi une morale d’où l’on vient. On prône l’acceptation de soi et le fait de vivre selon notre propre réalité, au lieu de jouer un rôle dans sa propre vie et de vouloir vivre celle des autres », expliquent-ils. Le groupe accorde aussi un grand souci à l’esthétique de ses clips. « Dollars » tirait son inspiration des telenovelas brésiliennes et des théâtres télévisés de la RDC tandis que « Semeki » rendait hommage aux émissions de variétés de l’époque Télé Zaïre. Pour son dernier clip « ECM », le duo a choisi une ambiance plus sobre. Il a été tourné dans l’immeuble ABC, un bâtiment très connu à Matete, parmi la foule des habitants du quartier. La musique qui lorgne vers le cloud rap et les plans tournés au drone rappellent l’univers de PNL avec un feeling 100% fidèle à Kinshasa. « L’idée c’est de montrer aux gens la beauté du ghetto, la beauté des quartiers dits reculés. Nous avons voulu montrer que la misère est un état d’esprit et que la beauté d’une chose dépend de l’angle à laquelle nous regardons cette dernière ». 

Égypte  : Afroto – « Msh Bel 7ozoz »

18 mai 2021

En Égypte, le mahraganat et la trap sont les deux musiques populaires auprès de la jeunesse et les mélanges entre les deux styles sont fréquents. C’est le cas avec « Msh Bel 7ozoz », le dernier single du rappeur Afroto. Ce musicien de 24 ans, originaire d’Alexandrie s’est fait connaître en 2020 grâce à des bangers puissants tels que « Bekar » et « Mussolini ». Mais c’est surtout la chanson «Segara » qui l’a propulsé au rang de star. L’instrumentale à l’ambiance très sombre, et composée par le rappeur Marwan Moussa, mêlait les sonorités planantes du cloud rap à celles de la musique populaire shaabi. Le clip de « Segara » a dépassé les 7 millions de vues sur YouTube. Pour « Msh Bel 7ozoz », Afroto a repris les ingrédients qui avaient fait le succès de « Bekar » pour un titre encore plus énervé : voix autotunée, percussions omniprésentes du mahraganat et nappes de claviers inquiétantes. Et pour le clip, Afroto a choisi l’univers de la moto. 

Afrique du Sud : K.O – « K:Hova »

7 mai 2021

On termine notre tour du continent en partant à Soweto pour le dernier clip de K.O. Le rappeur vétéran de Soweto a marqué l’histoire du rap sud-africain en 2014 avec son premier album Skhanda Republic, un classique instantané qui a été élu meilleur opus de l’année en 2015 durant les South African Music Awards. Il est l’un des représentants du skhanda rap, un courant musical né dans les années 90 et associé à une danse du même nom. Le skhanda faisait se rencontrer la danse pantsula, apparue dans les townships pendant l’apartheid, et le breakdance venu des États-Unis. Cette danse était liée à un style de vie auquel K.O a rendu hommage dans Skhanda Republic. En mai dernier, le rappeur zoulou de 41 ans a signé avec « K:Hova » l’un des plus gros tubes du mois en Afrique du Sud. Pour l’occasion, il a collaboré avec le beatmaker Lunatik, l’architecte sonore de son chef-d’œuvre et avec qui il n’avait pas travaillé depuis. Le titre est une référence à J-Hova, le surnom du rappeur américain Jay-Z. Probablement une manière de se placer comme l’un des parrains du rap en Afrique du sud. Côté musique, Lunatik a créé un savant mélange entre les sonorités du kwaïto, de l’amapiano et du rap californien à la Kendrick Lamar et Jay Rock. Le superbe clip qui l’illustre dépeint l’ambiance des townships pendant la nuit et on y voit K.O rapper dans la rue entre des séquences de cambriolage raté et de bagarre.

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